Date: 24 janvier, 2019 - Blog
Il ne fallut que six mots à Shakespeare pour formuler une question universelle. Le célèbre monologue d’Hamlet est probablement la formule la plus connue de tous les drames et de la littérature. Il traduit parfaitement un homme qui doute. Le dilemme d’Hamlet est assez simple : insatisfait de la vie, il ne sait pas ce que la mort peut apporter. Cette métaphore illustre la situation du Royaume-Uni ces dernières années, même si la problématique du Brexit est bien plus complexe.
Theresa, le bouc émissaire obstiné
Les femmes politiques britanniques méritent assurément le respect. Theresa May, tout comme Margaret Thatcher avant elle, fait preuve d’une très grande résilience et détermination, en dépit d’une opposition généralisée. Elle a en fait survécu à plusieurs attaques, dont certaines de grande ampleur, y compris à l’intérieur de son parti. Mais voyons les choses en face, aucun autre dirigeant crédible n’apparaît parmi les conservateurs, en particulier dans le camp du hard-Brexit, dirigé par le flamboyant B. Johnson. Jusqu’à présent, il n’a pas réussi à rassembler suffisamment de soutien dans le parti pour renverser Theresa, ni à quitter le parti et tenter une aventure en solo.
Le parti travailliste est profondément embarrassé. Il ne porte ni vision politique endogène, ni proposition alternative. En réalité, il n’y a pas de consensus sur un nouveau référendum ou sur l’idée de provoquer de nouvelles élections. Corbyn s’abstient donc de s’attaquer fermement au Premier Ministre, qui pourrait être victime et gagner la sympathie des électeurs dans un réflexe classique en faveur du « plus faible ».
Theresa May restera probablement au pouvoir à court terme, au moins jusqu’à la prochaine échéance de mars
Vers la fin d’un imbroglio perdant-perdant ?
C’est un euphémisme de dire que le vote sur le Brexit a pourri la vie politique des Britanniques ces dernières années. L’Europe en a aussi indirectement souffert. La tentative de divorce du Royaume-Uni a ébranlé la confiance et créé un vide dont les forces populistes tentent de tirer parti. Une telle incertitude réduit l’esprit
d’entreprendre du secteur privé continental. Le Royaume-Uni reste également un marché d’exportation important qui pourrait être beaucoup moins porteur à l’avenir. Néanmoins, le problème du Royaume-Uni a provoqué, de manière quelque peu surprenante, une plus grande cohésion entre les pays européens, qui n’ont fait que très peu, voire aucune concession significative à Londres. En novembre dernier, les retraits de capitaux totaux dans les fonds d’actions britanniques (depuis le Brexit) ont atteint 20 milliards de dollars. Selon une enquête réalisée par le conseiller coté londonien Schroders, 35% des clients ont transféré des actifs hors du Royaume-Uni en 2018 (21% en 2017). De même, une étude de BoA a confirmé que les actions britanniques sont les plus mal aimées parmi 22 classes d’actifs. La décote sur les actions britanniques a atteint un niveau inhabituellement élevé.
Les risques d’investir au Royaume-Uni sont élevés pour les investisseurs mondiaux. Mais les opportunités peuvent être grandes …
Et après ???
Les experts considèrent que les risques d’un « no deal » ont maintenant considérablement diminué. Espérons. En effet, dans un scénario où le Royaume-Uni se retrouverait finalement sans accord ni référendum, le pays entrerait dans une stagflation dommageable. En fait, les investissements s’effondreraient et de larges pans de l’économie feraient face à des obstacles / perturbations importants, tandis que les salaires augmenteraient (fuite des cerveaux et difficultés de recrutement, notamment pour des raisons juridiques). Dans tous les cas, le pilotage de la politique monétaire britannique sera extrêmement difficile.
À l’heure actuelle, les taux directeurs ne sont absolument pas adaptés ni à une annulation du Brexit ni à un scénario « pas d’accord ». Les deux hypothèses, ensemble, représentent la majorité des probabilités… Le message très controversé et alarmiste de Mark Carney résonne comme un appel de détresse !
L’épilogue du Brexit approche très probablement
Cette bonne nouvelle est ignorée par les marchés
Les risques restent élevés et la visibilité faible, mais cela crée une opportunité attrayante d’investir au Royaume-Uni
- La livre sterling est bon marché : un nouveau référendum alimenterait son important rebond par rapport au niveau actuel
- L’effondrement des actions britanniques, notamment celles orientées sur le marché intérieur, pourrait constituer une opportunité d’achat historique