Date: 25 octobre, 2019 - Blog
Le « consensus de Washington » est obsolète
Ce consensus, apparu au début des années 90, repose sur 10 recommandations de politique économique, établissant une approche standard pour le FMI, les banques mondiales et le Trésor américain afin de faire face à la crise dans les pays en développement. Il est progressivement devenu la doctrine mondiale dominante. En fait, il englobe des sujets tels que la stabilisation macro-économique, le commerce et les investissements mondiaux, etc. En résumé, il promeut essentiellement les idées orthodoxes et néolibérales. Au cours des dernières années, cette école de pensée a montré ses limites. Une désinflation enracinée, une politique et des taux d’intérêt de marchés négatifs, une inégalité croissante ont favorisé l’émergence de dirigeants populistes et leurs réponses inappropriées, démagogiques et simplistes.
Bernanke, Draghi et Lagarde ont réussi à interpréter la doctrine de Washington jusque dans ses limites ultimes
Des décideurs / visionnaires plus radicaux sont désormais nécessaires pour relever les nouveaux défis
Disrupteurs de haut niveau
La Bulgare Kristalina Georgieva a succédé à C. Lagarde à la tête du FMI le 1er octobre 2019. Elle n’est pas seulement la première citoyenne d’un pays en développement à diriger cette gigantesque organisation supranationale. Elle est également titulaire d’un doctorat en économie de l’Institut Karl Marx à Sofia. Sa thèse portait sur « La politique de protection de l’environnement et la croissance économique aux États-Unis ». Il y a quelques jours, elle a assisté à son premier panel d’experts sur le thème « Les banques centrales peuvent-elles lutter contre le changement climatique ? » Le débat a porté sur les risques liés à la stabilité financière. Les experts ont discuté de la manière dont les banques centrales devraient ajuster les cadres de réglementation et de politique monétaire pour assurer une transition ordonnée vers une économie verte. Ils ont parlé de la manière de stimuler le développement du financement vert, y compris des obligations vertes. Mme Georgieva a suggéré de développer une taxonomie pour le « vert » et a encouragé les banques centrales à utiliser des approches plus interventionnistes pour faciliter l’investissement dans les industries « vertes » …
Le gouverneur Mark Carney va probablement laisser une (certaine) trace dans l’histoire de la banque centrale. Pas vraiment en ce qui concerne ses actions en tant que chef de la banque centrale britannique. Mais plutôt comme penseur libre et turbulent. En effet, il a récemment critiqué la dangereuse prédominance de l’USD, plaidant pour une nouvelle monnaie – mondiale – numérique (de type crypto). Ce Canadien déterminé a non seulement le courage de ses opinions, mais il développe également une vision non conformiste de la future banque centrale.
En 2017, il a lancé le Réseau pour rendre le système financier plus écologique, le NGFS. Jusqu’à présent, 46 banques centrales et régulateurs l’ont rejoint. Parmi elles, on trouve les banques centrales du Royaume-Uni, du Canada, du Mexique, de Finlande, France, Chine, de l’Australie, l’Allemagne, la Suisse et aussi la BCE. Ainsi que la CSSF luxembourgeoise, la BRI et le FMI.
Les organisations supranationales se penchent sur le changement climatique
L’un de ses objectifs est d’intégrer les effets du changement climatique dans les prévisions économiques. Le groupe analyse son impact probable sur la politique monétaire (à travers une plus grande incertitude et volatilité). Les régulateurs participants ont tenté d’appréhender l’impact potentiel sur le secteur privé (comme par exemple sur les assurances et les hypothèques dans les zones côtières). Sur des sujets plus pratiques, ce groupe publie également de nombreuses directives sur les portefeuilles des banques centrales, allant dans le sens des objectifs ISR et de l’intégration de l’ESG. Pour le moment, ces recommandations ne sont pas contraignantes. Mais une enquête parmi les membres du NGFS montre que 25 des 27 répondants ont déjà adopté les principes d’ISR dans leur approche d’investissement ou envisagent de le faire.
Jusqu’à présent, le groupe s’est révélé assez discret dans les médias. L’absence de la Fed parmi ses membres l’explique probablement. Mais il est intéressant de noter que le régulateur financier de l’État de New York l’a rejoint en septembre dernier. Un présage pour une présence prochaine de la Fed ?
La répression financière a repoussé les limites des politiques économiques au cours des dix dernières années
Cela a généré un changement d’état d’esprit et un souci d’exemplarité au sein des organisations supranationales
- Une nouvelle génération de leaders, visionnaires, est nécessaire… au-delà des organisations supranationales
- C’est notamment le cas au Royaume-Uni, en Allemagne, à Hong Kong, etc.