Obligations. Les outils à disposition de la BCE avant la révision de sa politique

Date: 16 janvier, 2020 - Blog

La BCE devrait tenir sa 1ère réunion de politique monétaire en 2020 le 23 janvier

Il est largement admis que la BCE a atteint ses limites et que la meilleure solution serait une relance budgétaire. Ce n’est pas le cas. Les taux d’intérêt bas/négatifs devaient stimuler les dépenses grâce à la baisse des intérêts hypothécaires, à l’effet de richesse et à l’assouplissement des conditions de financement. Mais ils ont principalement réduit les revenus des épargnants et la rentabilité des banques. Avant la révision stratégique de la BCE, elle dispose encore de quelques outils. Elle peut utiliser des taux d’intérêt doubles, c’est-à-dire différents taux d’intérêt pour les prêts et les dépôts. Ces prêts peuvent également être limités à des secteurs spécifiques comme les énergies renouvelables. Ce serait plus efficace que le QE, le forward guidance ou les taux négatifs. Cela  fournirait un puissant stimulant monétaire et pourrait être utilisé pour soutenir le Green New Deal.

Que se passera-t-il si la banque centrale augmente les taux des dépôts et réduit ceux sur les prêts ? Les épargnants et les emprunteurs en bénéficieront. L’histoire montre qu’une telle approche augmente toujours la demande. L’exemple le plus récent est la Chine des années 90. Les taux d’intérêt sur les dépôts et les prêts ont été fixés indépendamment. Lorsque des mesures de relance étaient nécessaires, les taux sur les prêts avaient été plus réduits que ceux  sur les dépôts. C’est toujours le cas.

Depuis quelque temps, la BCE agit indépendamment sur les taux débiteurs

Son opération de refinancement ciblé à long  terme (TLTRO) permet à la banque centrale de prêter aux banques commerciales à des taux d’intérêt négatifs, si elles accordent de nouveaux prêts au secteur privé. Les TLTRO excluent également les prêts aux secteurs non-productifs de l’économie comme les hypothèques.

La dernière innovation de Draghi a été d’introduire un système de hiérarchisation, permettant à la BCE de fixer le taux d’intérêt sur les dépôts que les banques détiennent auprès de la banque centrale indépendamment du taux directeur. La BCE a réduit le taux auquel les banques peuvent financer les prêts à l’économie et relevé le taux moyen que les banques reçoivent sur leurs dépôts. Il s’agit déjà d’une politique, partielle, de double taux.

Si la BCE souhaite stimuler l’économie, elle pourrait augmenter la maturité des TLTRO, réduire davantage les taux d’intérêt ou augmenter le taux d’intérêt sur les dépôts par échelonnement (tiering). Certaines modifications pourraient être apportées au TLTRO, car actuellement la seule exigence pour accéder au programme est que les banques l’utilisent pour accorder de nouveaux prêts.

Lagarde a exprimé le souhait de mettre la politique de la BCE au service la politique européenne sur le changement climatique. Ainsi, des TLTRO à taux négatifs devraient être disponibles pour les banques qui financent des investissements énergétiques durables. Les derniers TLTRO à 3 ans à -0,5% n’ont qu’un impact marginal sur le financement disponible. Mais un prêt de 5 ou 10 ans à -1% ou -2% changerait la donne.

Taux allemand à 10 ans et sa moyenne mobile à 50 jours

Source: Heravest, Bloomberg

  • La politique monétaire n’est pas  à bout de souffle. Il y a de la place pour un changement majeur
  • Les taux d’intérêt doubles et les TLTRO ciblés devraient être au cœur de la politique de Lagarde
  • Les pressions haussières sur le 10 ans allemand devraient se poursuivre