Date: 22 mars, 2021 - Blog
Variation sur le thème « hyper et hypo-actif »
Les différences dans les réponses sanitaires et économiques à la Covid des deux côtés de l’Atlantique sont frappantes. Alors que les États-Unis se sont montrés hectiques, mais rapides et réactifs, l’Europe hésite et reste à la traîne. Les échecs de l’Europe pourraient bien refléter des défauts fondamentaux dans les institutions et les attitudes du Vieux Continent, à savoir une rigidité bureaucratique et intellectuelle. Mais en réalité, les ratés européens pourraient finalement s’avérer moins dramatiques que ce que l’on craignait.
L’Europe se prend les pieds dans le tapis avec la crise sanitaire
En théorie, les systèmes médicaux et sanitaires européens n’ont rien à envier à leurs homologues américains (ou asiatiques). On pouvait donc s’attendre à ce que tant la gestion de la pandémie que sa logistique se passent bien. Loin s’en faut !
La gestion pathétique des masques, des respirateurs et des vaccins a en partie annihilé les efforts – politiquement difficiles – déployés pour sauver des vies grâce à des mesures de confinement strictes. Dernièrement, la vaccination a été retardée par les tentatives de mise en place d’une politique européenne commune, et les gouvernements nationaux ont freiné les contrats de fourniture de médicaments, en attendant un consensus. Profondément inquiets à l’idée de payer trop cher les compagnies pharmaceutiques, d’opter pour des vaccins qui pourraient s’avérer inefficaces ou ayant des effets secondaires dangereux, les Eurocrates ont retardé le processus d’approvisionnement.
L’approche dirigiste/militaire des États-Unis, d’Israël, de l’Australie et de la Corée du Sud a démontré sa supériorité
L’Europe a développé une sorte d’hostilité / méfiance envers la science
Stimulation budgétaire, déficits et moyens d’action créatifs
En termes de croissance économique, l’Europe, bien que n’étant pas l’épicentre de la grande crise financière, a commencé à enregistrer des performances nettement inférieures à celles des États-Unis depuis 2008/2009. La crise de la Covid risque d’accentuer l’écart de croissance entre les deux. En effet, l’administration américaine se lance dans une sorte de New Deal à la Roosevelt. Elle mobilise un maximum de ressources, très rapidement. Elle exécute actuellement le troisième plan de relance américain, qui approche globalement les 5 trillions de dollars. D’autres mesures sont envisagées d’ici la fin de l’année dans le cadre d’un Green / Infrastructure Plan.
PIB réel 2009-2019
Source : Eurostat
Pour être honnête, le sentiment d’urgence n’était pas le même en Europe, où le filet social offre un meilleur coussin pour l’emploi global et les ¨déshérités¨. L’Europe engage finalement son plan de relance dit de nouvelle génération. Mais avouons-le, peu comprennent les atermoiements européens. En effet, les 27 États membres devaient en principe soumettre leurs plans de relance nationaux à la Commission européenne avant fin avril 2021. Mais la semaine dernière, seuls 20 des 27 États membres avaient soumis des projets de plans. En fait, l’Autriche, l’Irlande, la Lituanie, le Luxembourg, Malte, l’Estonie et les Pays-Bas ne l’ont pas encore fait…
La tortue européenne est à la traîne, pour l’instant…
Le cafouillage européen cache une vraie vision. Les 750 milliards permettront une transition vers une Europe post-covid plus verte et plus numérique. Concrètement, plus de 30% seront réservés à la lutte contre le changement climatique et plus de 50% iront à des investissements dans la recherche, l’innovation et la numérisation.
Contrairement à l’hyper-activisme américain, la réponse européenne s’inscrit dans la durée et en profondeur. Son ambition est de moderniser l’économie européenne. En particulier, les demandes de subventions ne seront acceptées que si elles répondent à des critères précis : plus de 30% des fonds seront réservés à la transition énergétique et 20% à la transition numérique. Au total, adossée au budget européen pour 2021-2027 et aux prêts consentis par les États, la réponse européenne s’élèvera à quelque 3 000 milliards d’euros.
- Les États-Unis, sprintent et distribuent les dollars pour consommer; l’Europe pétouille et planifie ses investissements…
- Les États-Unis hyperactifs risquent de surchauffer, d’alimenter l’inflation à court terme et de perturber les marchés obligataires et monétaires
- Un environnement plus calme – de type Goldilocks / Boucle d’Or – devrait prévaloir en Europe