Date: 18 septembre, 2020 - Blog
Trouver un vaccin fiable nécessite entre 6 et 8 années. Avec la pandémie, il a fallu seulement 6 mois pour commencer les phases cliniques 3, soit en des tests finaux sur une large population de 30’000 personnes et autant pour le placebo. Il n’y aucune garantie de succès : seuls 33% des développements de vaccins vont jusqu’aux tests sur les humains (Phase 3) et 85% des vaccins qui entrent dans cette phase 3 réussissent. Pour Covid-19, les milliards investis dans la recherche et le développement par les Etats pour se garantir un approvisionnement et l’accélération du processus d’homologation par les autorités sanitaires vont permettre de trouver un vaccin en des temps records, probablement en moins d’une année. Les Etats-Unis ont investi $10 milliards dans 6 compagnies pour s’assurer des commandes de doses : Moderna, Johnson & Johnson, BioNTech/Pfizer, Sanofi/Glaxosmithkline, Novavax et Astrazeneca. L’Allemagne vient d’investir €250 millions dans CureVac, une biotech allemande récemment cotée aux US.
L’annonce d’Astrazeneca d’une pause des tests est une étape normale et rappelle que la sécurité sanitaire est la priorité absolue, malgré l’urgence de la pandémie. La fiabilité doit être de 100%. Il faut comprendre le problème : dosage ? réaction du vaccin à une pathologie spécifique ? coïncidence ou le résultat du vaccin ? Il y a aussi la nécessité de rassurer la population sur la fiabilité du vaccin malgré les processus accélérés d’homologation. La US National Institutes of Health et la FDA ont répété que les évaluations de sécurité ne seront ni sautées ni abrégées. D’ailleurs, quelques jours plus tard, Astrazeneca et Oxford University annonçaient la reprise des tests.
Il y a aujourd’hui 9 sociétés en phase clinique 3 : Astrazeneca, Moderna, BioNTech, CanSinoBIO (Chine), Sinovac (Chine), Wuhan Institute of Biological Products (Chine), Sinopharm (Chine), Gamaleya Research Institute (Russie) et Murdoch Children’s Research Institute. Johnson & Johnson va bientôt entrer en phase 3.
Malgré la demande du US Centers for Disease Control and Prevention d’être prêt à distribuer le vaccin au 1er novembre, le Dr Fauci, responsable du Covid à la Maison Blanche, affirme qu’un vaccin en novembre est hautement improbable, mais attendu plutôt fin 2020-début 2021.
Après l’homologation d’un vaccin, il faut passer à la phase de production, qui n’est pas une mince affaire. Il faut trouver la façon de le fabriquer, puis dans le cas de cette pandémie, le produire massivement. Puis arrive la phase de la commercialisation et de la distribution. L’infrastructure peut être lourde : comme pour le vaccin contre Ebola, le vaccin de Moderna devra être conservé au noir et à -80°C.
Avec son expérience, la IATA, l’International Air Transport Association, l’association faîtière des compagnies aériennes mondiales, prétend que la distribution globale du ou des vaccins sera un des plus gros défis jamais vus pour le transport aérien et nécessite déjà maintenant une planification. La IATA considère qu’une dose pour 7.8 milliards de Terriens équivaut à remplir 8’000 Boeing Jumbo 747 ! Le transport d’un vaccin doit remplir des critères pointus en ligne avec la régulation internationale comme le contrôle des températures, la sécurité, la qualification du personnel et les délais pour garantir la qualité du vaccin. Toutes ces contraintes vont réduire la capacité de transport des avions cargo.
- La probabilité de trouver plusieurs vaccins avant la fin de l’année augmente
- Pour 8 milliards de Terriens, il y a de la place pour de nombreux « gagnants »
- On maintient la surpondération de la Santé
Par Philippe Rezzonico