Date: 5 février, 2021 - Blog
Les marchés financiers jouissent d’un excès de liquidités, d’autant plus depuis la crise de la Covid-19. Les taux d’intérêt réels négatifs favorisent l’effet de levier et… la spéculation. Un régime de reflation du prix des actifs (APR) est en place depuis la fin de la grande crise financière. Il s’est accéléré depuis le S2 20.
L’avidité sauvage des investisseurs émerge
Le succès remarquable des introductions en bourses et des SPAC mérite une attention particulière
Les SPAC font écho à la bulle Internet
Aussi appelées « sociétés de chèque en blanc », les SPACs – sociétés d’acquisition à vocation spécifique – sont des sociétés sans activité commerciale. Elles sont constituées pour lever des capitaux par le biais d’une introduction en bourse. Leur objectif est d’acquérir des sociétés privées existantes. Au moment de leur introduction en bourse, les SPACs n’ont pas d’activités commerciales existantes, ni de cibles définies pour l’acquisition. D’une certaine manière, les SPACs s’apparentent à certains segments du capital-investissement. En pratique, ils ont deux ans pour réaliser une acquisition ou doivent restituer leurs fonds aux investisseurs. Ils facilitent la cotation de sociétés qui, autrement, seraient confrontées à des exigences réglementaires, ou de conformité, trop élevées. Ils ont également tendance à intégrer des systèmes de rémunération opaques – disons extrêmement favorables – pour leurs propriétaires et promoteurs…
Leur proposition de vente est très attrayante : avec l’aide d’experts financiers et commerciaux, ils filtrent les entreprises à un stade d’inflexion de leur cycle. La plupart des fonds qu’ils collectent devraient être investis dans des ¨licornes¨. Par exemple, les start-ups du secteur de l’automobile ont été particulièrement appréciées, avec des noms comme Nicola. D’autres exemples foisonnent dans les ¨fintechs¨, 1) l’ancien directeur général du Crédit Suisse, M. Thiam, lance un SPAC de 250 millions de dollars pour investir : ¨dans des entreprises de services financiers dans les pays développés et en développement¨ et 2) Bakkt Holdings, une plate-forme de cryptomonnaies, a annoncé son intention de s’introduire en bourse grâce à un SPAC. Jusqu’ici tout va bien, non ? En pratique, les SPAC viennent récemment de collecter d’énormes capitaux.
Source : Dealogic, FT
Source : Refinitiv, FT
Quand les prix n’ont plus d’importance…
Le régime d’investissement actuel (APR) génère visiblement des excès de type ¨bulles¨. En effet, la fascination actuelle pour les licornes technologiques est sans limites. Beaucoup d’entreprises ciblées sont déficitaires. Elles sont virtuellement acquises à n’importe quel prix. Voir le graphique ci-après.
Cet état d’esprit rappelle la fin des années 90, lorsqu’il suffisait qu’une entreprise se présente comme membre de la ¨révolution internet¨, pour que le cours de son action monte en flèche. Les vétérans se souviennent probablement de l’histoire emblématique de ¨pet.com¨. À cette époque, cette fascination a précédé de peu l’éclatement de la bulle informatique.
Selon Goldman Sachs, les SPAC ont amassé une puissance de feu d’environ 70 milliards de dollars en 2020, ce qui se porte à 300 milliards de dollars, si l’on considère l’effet de levier potentiel de leurs structures…
¨L’argent gratuit¨ exacerbe les attentes irréalistes des investisseurs
En vendant des rêves flamboyants, les SPAC ont un fort pouvoir d’attraction, notamment sur les investisseurs – inexpérimentés
Source : Bloomberg
Si l’on se fie à l’histoire, les SPAC ont – très rarement – répondu aux attentes. Selon une analyse du Financial Times sur les SPAC américaines entre 2015 et 2019, ces structures se sont révélées un pari risqué pour les investisseurs ordinaires. En effet, la majorité d’entre elles se négocient en-dessous de 10 dollars par action, le prix standard auquel elles vendent leurs actions au public pour la première fois.
- Les investisseurs recherchent à tout prix la croissance, et craignent plus que tout de manquer des opportunités
- Les SPAC symbolisent une certaine furie spéculative dans certains segments spécifiques ¨hot¨ des marchés financiers