Date: 30 juin, 2022 - Blog
Un rallye se justifiait la semaine dernière : des indices survendus, des indicateurs de sentiment des investisseurs historiquement bas et un 1er semestre parmi les pires en termes de performances. Il a surtout bénéficié d’un recul du 10 ans US de 3.5% à 3%. Ce rallye pourrait se poursuivre dans les prochains jours, mais nous restons toujours dans un schéma de rallye dans un bear market.
Historiquement, le 3ème trimestre d’une année d’élections intermédiaires, les mid-terms, aux Etats-Unis est défavorable aux actions, avec beaucoup de volatilité. Les derniers sondages montrent des gains républicains dans les 2 chambres du Congrès. Un Congrès républicain signifierait une paralysie de l’Administration Biden.
Dans 2 semaines, la publication des résultats commencera. On attend des révisions des profits à la baisse, mais pour le moment elles ne se manifestent pas, étonnamment. On reste sur +10.4% en 2022 et +9.3% en 2023. Il nous semble inéluctable que les profits vont reculer avec la crise énergétique et alimentaire globale, l’inflation, la guerre en Europe et les disruptions multiples. Mais il est vrai que c’est la grande inconnue, car les profits des sociétés et les marges ont fait preuve d’une très grande résilience depuis plusieurs trimestres, voire années, et d’une extraordinaire capacité de rebond à la sortie de la crise sanitaire, qui n’est pourtant pas terminée. L’inflation et la baisse des prix des actions et des obligations commencent à peser sur le moral des consommateurs qui deviennent plus prudents. Walmart et Target avaient déjà signalé au 1er trimestre que les consommateurs avaient réduit leurs dépenses sur les produits discrétionnaires (électroménager, automobile, électronique, …).
Le risque d’un débordement du conflit ukrainien est réel. La décision lituanienne de bloquer les biens sous sanctions occidentales qui traverse la Lituanie par le chemin de fer à destination de l’enclave russe de Kaliningrad a rendu les Russes furieux. La réponse russe a été l’annonce d’envoi dans les prochains mois en Biélorussie de missiles Iskander capables de transporter des charges nucléaires. Les tensions sur Kaliningrad inquiètent l’OTAN. La Russie pourrait s’emparer du Corridor de Suwalki, reliant la Biélorussie à Kaliningrad, et bloquer ainsi les mouvements terrestres entre la Pologne et les pays baltes. L’intervention de l’OTAN par la mer et les airs serait compliquée, car Kaliningrad est le port d’attache de la flotte russe de la Baltique et qu’une « bulle A2AD » (Anti-Access Area-Denial), basée sur des systèmes de défense aérienne performants (S-300 et S-400) y a été installée. À cela, il faut aussi compter la base aérienne russe installée en Biélorussie. Bref, on se rapprocherait sans aucun doute d’un conflit OTAN-Russie.
Concernant la stratégie nucléaire, l’OTAN est dans le « tout ou rien », soit une stratégie de dissuasion avec des armes nucléaires stratégiques. La Russie a une stratégie nucléaire à 2 niveaux : des armes nucléaires tactiques, utilisables sur un champ de bataille, et des armes stratégiques. Les Européens ont jusqu’à aujourd’hui vécu dans le déni avec la stratégie nucléaire russe, pourtant bien connue depuis 2000.
Le G7 poursuit ses sanctions contre la Russie. La dernière est une interdiction des importations d’or russe. Pour « saluer » cette nouvelle sanction et la réunion du G7 et de l’OTAN, la Russie a lancé dimanche dernier des missiles sur des immeubles résidentiels de Kiev.
Avec la forte diminution des exportations russes de gaz, l’Europe est au bord d’une crise énergétique majeure. TotalEnergies, EDF et Engie lancent un puissant cri d’alarme et demandent aux Français de réduire immédiatement leur consommation de carburant, pétrole, électricité et gaz. Les pays européens tentent de remplir leurs réserves de gaz pour l’hiver prochain. L’Allemagne est également très alarmiste. Nous ne comprenons pas pourquoi l’Europe ne prend pas des mesures de rationnement, comme celles préconisées par l’Agence internationale de l’énergie. Le risque de récession devient inévitable en Europe.
- A court terme, les indicateurs techniques expliquent un rebond des indices
- L’inflation, la situation géopolitique et la crise énergétique en Europe (on n’en serait qu’au début) justifient une grande prudence
- Le cycle économique justifie un positionnement sectoriel défensif, Consommation de base, Santé et Services publics