Date: 9 janvier, 2023 - Blog
2023 devrait être positive
L’inflation recule. Normal, elle était essentiellement due aux disruptions Covid et à la crise énergétique. C’est derrière nous, même si les impacts sur les entreprises, européennes surtout, dureront encore quelques mois. L’économie globale résiste bien. Il n’y aura pas de récession dure, il y a trop d’investissements (infrastructure, transition énergétique, onshoring, défense) qui soutiennent l’économie. Certes, les inversions des courbes des taux d’intérêt sont un bon indicateur de récession/ralentissement économique à venir, mais les bourses l’ont, prématurément, déjà anticipé en 2022, comme nous l’expliquons depuis 2 mois.
Ensuite, on peut rajouter quelques statistiques favorables comme la surperformance du S&P 500 dans l’année 3 d’un terme présidentiel ou la forte probabilité (80%) d’un rebond des actions après une année fortement négative. Il y a aussi la statistique des 5 premiers jours d’une année pour le S&P 500 : si cette courte période est positive, alors dans 83% du temps, l’année est positive avec une progression moyenne de 14% ; vendredi dernier, c’était le 4ème jour ouvrable avec une performance de 1.5%.
MSCI Monde. Sortie technique du bear market et entrée dans une zone de consolidation
Source : Bloomberg
La majorité des stratégistes s’attendent à un 1er semestre 2023 volatil, voire difficile, dans l’attente des données macroéconomiques, validant ou pas la récession, en tout cas son ampleur, et des signes tangibles de la Fed d’une pause dans sa hausse des Fed Funds – The Fed Pivot. Nous ne disons pas que nous sommes entrés dans un bull market (plus tard), mais que nous sortons du bear market. Pour que nous entrions dans un bull market, il faudrait que la technologie et les Big Tech repartent à la hausse, ce qui ne semble pas le cas dans l’immédiat à la vue des fondamentaux. Malgré leur sous-performance en 2022, la technologie et les Big Tech comptent toujours pour 35% du S&P 500.
En 2022, les segments Value et cyclique ont nettement surperformé le segment Croissance. La hausse des taux d’intérêt et de l’inflation a pénalisé les secteurs/valeurs à hauts PER, mais pas seulement. Les importantes dépenses dans l’infrastructure et la transition énergétique ont soutenu les secteurs industriels. Cette tendance devrait se poursuivre au moins au 1er semestre, d’autant plus que les commandes dans le secteur de la défense vont accélérer, un secteur important pour l’industrie et la demande en métaux industriels.
Performance relative Dow Jones/S&P 500. En 2022, nette surperformance du Dow Jones Industrial (biais Value, cycliques) vs S&P 500 (biais Growth, Techno, Big Tech)
Source : Bloomberg
Nous entrons dans la saison des résultats du 4T22.
On commencera ce vendredi par les banques US avec JPMorgan Chase, Bank of America, Wells Fargo, Citigroup, Bank of New York Mellon, First Republic Bank et BlackRock. A cela s’ajouteront les chiffres de l’inflation US, le jeudi 12 janvier.
Selon Factset, les profits US reculeront de 4.1%, ce qui portera la progression des profits en 2022 à +4.7%. Concernant 2023, après un 1er semestre plus difficile, les profits sont attendus en hausse de 4.8%, portés par la consommation discrétionnaire, la finance, l’industrie, et la technologie en 2ème partie d’année. Lipper Alpha estime un recul de 2.2% au 4T22, et -6.7% ex-énergie. Concernant l’Europe, Lipper Alpha anticipe une hausse de 14.4% des profits et de 7.1% ex-énergie.
Industrie. Nous surpondérons ce vaste secteur qui profite de la transition énergétique, des dépenses dans l’infrastructure, du onshoring et de la forte hausse des dépenses militaires. L’annonce de livraisons de blindés légers (AMX, Bradley et Marder) par la France, les Etats-Unis et l’Allemagne à l’Ukraine a fait bondir les cours des actions des sociétés de la défense.
Discrétionnaire. Neutre. La réouverture de la Chine et la fin des restrictions de voyage ont un impact positif sur les valeurs du luxe dont les Chinois sont d’importants clients. La Chine compte entre 25% et 45% des ventes
des groupes. Le Suisse Dufry devrait grandement bénéficier de l’ouverture des aéroports.
Métaux industriels. Surpondérer. La demande est structurelle venant de la transition énergétique et de la hausse des dépenses militaires. La Chine pourrait y contribuer avec des plans de relance lorsque la vague géante Covid redescendra, probablement vers mars-avril.
Energie. La saison n’est pas propice à une hausse des prix de l’énergie. La demande commence à redémarrer au printemps/été, à la fin de l’hiver dans l’hémisphère Nord. Nous pensons que la crise de l’énergie est derrière nous. Mais on manque de visibilité avec les sanctions occidentales sur le pétrole et le gaz russe. Début décembre, les Occidentaux ont mis en place un système de plafonnement du prix du pétrole russe. En février 2023, la Russie ne vendra plus de pétrole aux clients qui participent au plafonnement du prix et les Européens commenceront des sanctions sur le diesel et le mazout russe. Les experts craignent une crise du gaz pour l’hiver 23/24 si la Russie stoppe ses exportations vers l’Europe.
Technologie. Le secteur devrait continuer de sous-performer. L’effet de base avec la sortie de la pandémie Covid va rester défavorable jusqu’au 2/3T23. L’inflation pèse sur les consommateurs ; les ventes de PC, de TV et de smartphones chutent et celles des voitures souffrent de la hausse du prix de l’électricité. La pénurie de semiconducteurs en 2020 et 2021 subit un retour à la réalité conjoncturelle avec un recul des prix. Les équipementiers devraient profiter des investissements américains et européens pour réduire la dépendance à la production asiatique. Il faut surveiller attentivement l’évolution des ventes de PC et smartphones : un retournement de tendance signalerait le retour de la technologie, que nous estimons vers le printemps. La guerre des semiconducteurs qui fait rage entre les Etats-Unis et la Chine n’arrange pas les choses, car les producteurs et équipementiers occidentaux, incluant la Corée du Sud et Taïwan, ne peuvent plus vendre à des entreprises chinoises.
Big Tech. La baisse des cours de leurs actions rend les Big Tech meilleur marché. Meta Platforms a vu sa capitalisation boursière divisée par 4 en 2022. Le Congrès américain veut légiférer plus fortement sur les réseaux sociaux, mais jusqu’à maintenant le législateur, même bipartisan, n’a pas pu faire grand-chose, compte tenu de la puissance financière du lobby des Big Tech.
- Cette semaine, CPI US jeudi et résultats des banques US le vendredi
- Le positionnement très défensif des investisseurs pourrait favoriser un rallye de début d’année en cas de bonnes nouvelles
- L’inflation et la Fed sont moins importants (aujourd’hui) que la direction des profits des sociétés
- On surpondère toujours le Value/Cyclique
- Les thèmes principaux en 2023 seront la réindustrialisation – onshoring –, la transition énergétique et la défense